Rien a été simple pour le champion d’Europe, qui a souffert face à l’agressivité de l’UBB. Le carton rouge distribué à Seuteni (57′) a été le tournant d’un match qui laissera sans doute beaucoup de regrets aux joueurs de Christophe Urios.

Le fait de jeu : Seuteni voit rouge, Ntamack au plus près des étoiles.
C’est le gros tournant du match. Alors que L’UBB a réussi à prendre l’avantage au score, les Toulousains perdent le fil de leur demi-finale. Ben Lam vient de s’offrir un doublé pour offrir un point d’avance aux Girondins (15-14), et sur le renvoi, Ntamack envoie le cuir directement en touche. Typiquement le genre de scénario d’un match au couteau qui tourne au vinaigre.
Oui mais voilà : tout comme l’attentat de Levani Botia sur Maxime Médard avait grandement contribué au succès toulousain en finale de la dernière Champions Cup (24-17), l’excès d’engagement d’Ulupano Seuteni a remis les joueurs d’Ugo Mola dans la rencontre. Le Stade Toulousain tente d’ouvrir au large, quand le ballon arrive dans les mains de Romain Ntamack. Le demi d’ouverture a alors une vision terrifiante : les 90kg d’Ulupano Seuteni arrivent lancés comme un 35 tonnes. Ntamack se sépare de la balle, mais trop tard. Le Samoan percute sans ménagement le jeune international et lui inflige un K.O terrible.
Séché, un gros plan rapide des caméras de Canal + le montre au sol, le regard dans le vide. La civière arrive sur le terrain et l’on est pas loin de craindre le pire. L’arbitre du soir, Monsieur Trainini en profite pour revisionner les images du choc. Au ralenti, il apparait clairement que le deuxième centre bordelais ne ceinture pas du tout son vis à vis. Avec la vitesse, la puissance, et ce manque de maîtrise, l’arbitre n’a d’autre choix que de prendre la sanction la plus lourde : carton rouge. Toulouse est relancé.
Le joueur : Ramos se rachète de sa air défense.
Le stade remet la main sur le ballon et obtient une touche en plein coeur des 22 mètres girondins. Les temps de jeu s’enchaînent, et les hommes du coach Urios parviennent dans un premier temps à envoyer les champions d’Europe en touche. Mais dans la foulée, Toulouse récupère la balle et Ramos se trouve envoyer dans l’intervalle pour aplatir en force malgré le retour d’un défenseur de Bègles (67′). Replacé en 10, buteur depuis le début de la rencontre, il assure bien la transformation (24-18, 68′).
Un essai qui a du soulager le joueur formé à Mazamet. Pas tout à fait clair sur l’essai de Lam (54′), il enchaînait alors les mauvais choix. Une chistera inappropriée, un jeu au pied incertain, l’arrière toulousain n’a pas seulement brillé. Replacé en 10, donc, à la sortie de Ntamack, il aurait pu une dernière fois coûter cher aux siens en fin de match.
Le mauvais choix : l’UBB la joue petits bras.
En effet, sur une attaque en première main de l’UBB, Pablo Uberti attaque la zone de Ramos. Choix gagnant, l’accélération de l’Argentin foudroie le défenseur, et ramène Bordeaux dans les 22 mètres toulousains. Cheslin Kolbe n’a pas d’autre choix que de se mettre à la faute. Les coéquipiers de Mathieu Jalibert font alors face à un choix cornélien, alors que le score est de 24 à 18 en faveur de leurs adversaires à trois minutes du terme. Soit, ils choisissent la touche pour marquer l’essai de la victoire. Soit, ils vont chercher les trois points, en espérant revenir marquer dans le peu de temps qu’il reste.
Raté, Bordeaux choisit la deuxième option. Une option qui semble discutable sur le direct pour trois raisons. Tout d’abord, car rien ne garanti à l’UBB qu’il aura une autre chance de venir dans le camp toulousain pour marquer. Ensuite, car si Bordeaux parvenait à être en position de marquer, un essai serait difficilement atteignable en infériorité numérique. Et donc, enfin, car en cas de prolongations, l’UBB aurait sûrement craqué physiquement face au Stade Toulousain. Conclusion : il fallait prendre la touche à cinq à trois minutes du terme, et tenter d’y aller en force dans les derniers instants de la rencontre.
Après avoir réussi la pénalité (24-21, 77′), Bordeaux ne reviendra plus jamais dans le camp toulousain. Bien menée par Toto Dupont, la machine rouge et noire laissera les secondes s’égrainer, avant que Ramos, comme un symbole, n’ait le dernier mot en envoyant la balle en touche. Les Toulousains pouvaient fêter leur victoire, avec un Romain Ntamack rassurant et souriant !
