Dominé de la tête et des épaules pendant près de 80 minutes, le Stade Rochelais n’a jamais été en mesure de décrocher le Bouclier de Brennus. Les joueurs du duo Gibbes-O’Gara sont passés à côté de leur sujet dans tous les domaines.

La Rochelle, c’est avant tout l’équipe magnifique que l’on a vu toute la saison en Top 14 et en Champions Cup. Malgré l’absence de son fervent public, elle a terminé meilleure équipe à domicile de la saison. Elle a aussi empoché la deuxième place de la phase régulière en plus d’être la meilleure défense du championnat. En finale de la Champions cup, elle avait fait pratiquement jeu égal avec le grand Stade Toulousain (24-17) après avoir écartelé le Leinster en demi (32-23).
Mais hier, la marche était beaucoup trop haute. Non seulement parce que les Toulousains ont réalisé un match de rudes, de pragmatiques habitués à remporter ce genre de rencontres. Mais aussi parce que les coéquipiers du capitaine Romain Sazy n’ont jamais su mettre en place leur jeu habituel. Un jeu rapide qui commande une domination physique de l’adversaire et un mouvement perpétuel du ballon.
Le match du Stade Toulousain : https://leclub115.com/2021/06/26/comment-le-stade-toulousain-a-confisque-le-match/
Le jeu restrictif proposé par les Toulousains a décontenancé les Rochelais. La défense agressive des joueurs d’Ugo Mola a fait déjouer ceux de Gibbes. La différence d’expérience entre ses deux clubs a indéniablement desservi les Maritime. Pour leur première finale, ils affrontaient l’équipe qui en a joué le plus (29), et cela a transpiré dans leur manque de sérénité qui rompait avec la froideur des Toulousains. A l’image de Clermont il y a dix ans, La Rochelle va devoir apprendre à perdre pour espérer gagner plus tard.
Beaucoup trop d’erreurs techniques ont freiné la continuité du jeu.
Cette manière de jouer, le Stade Rochelais ne l’a jamais montré plus de deux temps de jeu consécutifs. A l’heure de jeu, il avait déjà commis 14 en-avants contre 2 pour les Toulousains. Il avait aussi perdu 17 ballons, contre 7 pour leurs adversaires du soir. Une maladresse inhabituelle, symbolisée par la fébrilité de l’un de ses meilleurs joueurs, Grégory Alldritt. Le vice-capitaine rochelais a eu toutes les peines du Monde à se mettre dans l’avancée. Il a été très maladroit, comme lorsqu’il commettait un en avant à la réception d’un dégagement de Ramos, alors qu’aucun défenseur toulousains ne le mettait sous pression.
Les tops et les flops : https://leclub115.com/2021/06/26/les-tops-et-les-flops-de-toulouse-la-rochelle-ramos-en-metronome-alldritt-se-manque/
Ce constat vaut aussi pour l’ailier sud-africain Dillyn Leyds, ou le demi-de mêlée Tawera Kerr-Barlow. L’ancien international all black n’a jamais trouvé le bon tempo derrière un pack dominé. Malgré une belle initiative côté fermé dans les 22 mètres toulousains en première période, il a déjoué la plupart du temps. Sa passe complètement manquée pour Ihaia West à cinq mètres de la ligne, a mis son ouvreur en grande difficulté, obligé de concéder la pénalité du 18-3 pour Toulouse.
Des éléments contraires aux Rochelais.
Tout à semblé aller contre La Rochelle de l’entame de la rencontre, jusqu’au coup de sifflet final. Alors qu’il avait réalisé une saison pleine, apporté de la sérénité et de l’expérience, Brice Dulin sortait blessé dès la 22e minute. Bilan : fracture de la main, pour un joueur se faisait une joie de jouer sa première finale au Stade de France à 31 ans.
La météo a aussi été en défaveur des Rochelais. Alors que le score était de 12 à 0 à la pause, Jono Gibbes et Ronan O’Gara auraient probablement aimé que leur équipe emballe enfin la rencontre. Las, le beau temps a laissé place à la tempête. Le ballon devenu glissant échappait inlassablement à une équipe de La Rochelle qui voyait le chrono tourner en sa défaveur.
Une faillite au pied qui fait mal.
Alors que le pack rochelais n’a jamais su rivaliser, la botte de Ihaia West aurait pu permettre aux Maritimes de rester dans la rencontre. Problème, le demi d’ouverture néo-zélandais a manqué deux de ses trois coups de pied habituellement dans ses cordes. Cette saison, il a tourné à 75% de réussite, et a été le dixième meilleur réalisateur du Top 14. Après avoir manqué 8 points en finale de la dernière Champions Cup, West n’a donc pas su redresser la barre. La Rochelle pourrait potentiellement tenter de recruter un meilleur demi d’ouverture pour le remplacer, alors que Jules Plisson ne semble pas non être une valeur sûre pour ce genre d’événements.
“On n’a rien fait”
Concis mais précis, Grégory Alldritt sur Canal +
C’est donc dans sa globalité que le Stade Rochelais n’a pas su gagner son match. Au micro de Canal +, Grégory Allditt n’a pas cherché d’excuse, ce n’est pas son genre. “C’est le jour et la nuit entre Twickenham et ce soir. En finale de la Champions cup, on avait montré quelque chose, on avait l’impression qu’on pouvait gagner. Aujourd’hui, du début jusqu’à la fin, on a rien fait et on a jamais été en mesure de l’emporter”, constatait l’international français, qui va sans doute beaucoup apprendre de cet échec.
L’an prochain, le Stade Rochelais reviendra à coup sûr. En Pro D2 il y a huit saisons, le club dirigé par Vincent Merling est en progression constante. Ses cadres ont été prolongés : Alldritt (2023), Sazy (2022), Kerr-Barlow (2022), Bourgarit (2023), Skelton (2025), ou Leyds (2024). Côté staff, Jono Gibbes s’en va pour Clermont, mais Ronan O’Gara a resigné jusqu’en 2024 pour devenir l’entraîneur principal du Stade Rochelais.