Battue en huitièmes de finale de l’Euro au terme d’un match surréaliste (3-3, 4-5 T.A.B), la France a quitté l’Euro par la petite porte, ce lundi 28 juin, à Bucarest.

Nous sommes passés par toutes les émotions durant 120 minutes d’un match, qui ressemblait plus aux secousses des montagnes russes qu’aux ballades dans les plaines du Danube. Dans la nuit roumaine, vint ensuite la séance des tirs aux buts. Le stresse, le soulagement à chaque but marqué, et enfin l’immense tristesse. Éliminée par la Suisse, la France sera de retour dans 24h sur le sol de la Nation, avec le sentiment d’un énorme gâchis.
Une première période à l’envers
Pour palier les absences de Lucas Hernandez et de Lucas Digne, Didier Deschamps choisissait d’innover. Le 4-2-3-1 (ou 4-3-3) était troqué pour un 3-4-3 avec un trio défensif composé de Presnel Kimpembe, Clément Lenglet, et Raphaël Varane (de gauche à droite). Adrien Rabiot était piston gauche, et Benjamin Pavard devenait son pendant côté droit. Le reste était du classique : Kanté et Pogba étaient associés au milieu, et Antoine Griezmann était aligné en 10 derrière Kylian Mbappé et Karim Benzema.
Sur le papier, cette composition n’est pas à jeter. Avant le match, elle donnait même envie de voir ce qu’elle allait donner. Depuis son arrivée en 2012, Didier Deschamps ne nous avait pas souvent habitué à ce genre de petite folie. Le problème, c’est que ce moment d’euphorie des supporters français, qui s’ajoutait à l’excitation d’un match de phase finale, a vite plongé.
Dès la 15ème minute, la Suisse mettait en lumière les énormes carences françaises. Que ce soit dans la tactique ou dans l’engagement, la France n’y était pas. Alors, malgré quatre défenseur centraux de métier sur le terrain (Pavard, Varane, Lenglet, Kimpembe), Seferovic était tout seul à la réception d’un centre trop facile de Zuber, pour croiser sa tête victorieusement dans les cages d’Hugo Lloris (0-1, 16′).
Complètement perdus dans ce système, les Bleus ne parvenaient jamais à mettre la défense suisse en difficulté, hormis sur un centre vers Benzema (23′), ou sur une frappe puissante de Rabiot (30′). Constatant son échec, “DD” était contraint de repasser en 4-2-3-1. Lenglet sortait au profit de Coman, tandis que Rabiot prenait le poste d’arrière gauche.
Lloris sauve les Bleus…
Mais ce changement n’eut pas immédiatement l’effet escompté. C’est même un euphémisme de le dire. Pas longtemps après le retour des vestiaires, Benjamin Pavard était pris de vitesse sur son côté par Steven Zuber. Le joueur du Bayern se mettait à la faute, en taclant illicitement le joueur suisse juste à l’entrée de la surface. Après avoir laissé finir l’action, l’arbitre de la rencontre, monsieur Rapallini, était appelé pour consulter les images à la vidéo. Face à l’évidence, il n’avait d’autre choix que d’accorder un penalty aux Helvètes.

Spécialiste des penalties, Ricardo Rodriguez se présentait devant Hugo Lloris pour mettre l’équipe de France dans une position très délicate. Le joueur du Torino s’élançait, et frappait sur sa gauche, pour voir le capitaine des Bleus se détendre et dévier la course du ballon hors du cadre (56′). Les Bleus venaient d’être sauvés par leur gardien, et prenaient alors conscience du danger qui les menaçait.
… Pour les remettre en scelle et assomer la “Nati”
Deux minutes après l’exploit du gardien tricolore, Kylian Mbappé réussissait à transmettre la balle à Karim Benzema. L’attaquant du Real Madrid s’emmenait le ballon avec un contrôle de classe mondiale, pour venir battre Sommer (1-1, 57′). Tous les événements étaient soudain en faveur de l’équipe de France. Et ça repartait de plus belle deux minutes plus tard. Mbappé talonnait dans la surface pour Griezmann, qui piquait la balle devant Sommer, et permettait à Benzema de conclure de la tête, pour s’offrir un doublé et faire exulter tout un pays (2-1, 59′).
Les visages suisses devenaient livides. En quatre minutes, les partenaires de Granit Xhaka étaient en train de perdre l’exploit qu’ils tenaient du bout des doigts quelques instants plus tôt. Alors, la France a commencé à se lâcher. Elle devenait même plus solide défensivement et monopolisait le contrôle de la balle. Dans ce match rythmé, plaisant, les Bleus commençaient à naviguer en eau claire.

A un quart d’heure du terme, Paul Pogba se mettait en position de tir à trente mètres des buts, pour placer une frappe enroulée puissante, dans la lucarne de Yann Sommer (3-1, 76′). A ce moment, il semblait que la France était en train de se diriger vers son quart de finale rêvé face à l’Espagne. Sauf qu’elle semblait avoir oublié que la Roja avait mené 3-1 elle aussi, avant de se faire reprendre en cinq minutes face à la Croatie.
La Suisse retourne une nouvelle fois la situation, pour pousser les Bleus aux prolongations.
Telle un gruyère suisse, la défense tricolore laissait une nouvelle fois Seferovic tout seul aux six mètres. Le buteur du Benfica recevait le centre de Mbabu et battait une deuxième fois Hugo Lloris de la tête (3-2, 81′). De longues minutes allaient frapper les Bleus. Griezmann remplacé par Sissoko, la France perdait un chaînon important à la construction du jeu.
Trop dilettante, Paul Pogba était cette fois capable du pire, pour abandonner le cuir aux Suisses. Impressionnant tout le match, Xhaka lançait Gavranovic qui se jouait de Presnel Kimpembe, pour battre Lloris d’un puissant tir croisé, juste avant la fin du match, (3-3, 90′). En dix minutes, la France gâchait son avance et devait tout recommencer.
Mbappé manque son rendez-vous.
La fin est maintenant assez célèbre. La prolongation ne donnait rien, et laissait la place belle aux tirs aux buts. Les cinq buteurs suisses Gavranovic, Schär, Ankanji, Vargas, Mehmedi, appliquaient froidement la sentence. Les Français répondaient par Pogba, Giroud, Thuram et Kimpembe. La pression du cinquième tir au but reposait donc sur Kylian Mbappé.
Mais trop pressé dans sa course, il ne frappait pas suffisamment loin de Sommer, qui parvenait à détourner sa frappe. Les Suisses pouvaient exploser, ils venaient d’éliminer les champions du Monde au terme de l’un des plus beaux de match de leur histoire. Pour les Bleus, les claque fait mal. Le scénario du match laissera la part belle aux regrets, mais aussi aux critiques de tout un pays qui avait fait de son équipe le futur vainqueur de la compétition.
2 thoughts on “La France se saborde face à la Suisse et sort de l’Euro 2020.”