Rassurant sur les routes accidentées du Tour du Pays-Basque, Julian Alaphilippe revient en pleine forme au meilleur des moments après plusieurs semaines de galères. Demain, il sera au départ de la Flèche Brabançonne, premier volet du triptyque ardennais, l’objectif majeur de sa première partie de saison. Voici pourquoi Julian est l’un des grands favoris des classiques ardennaises.

Une préparation idéale au Tour du Pays Basque
Victime d’une lourde chute sur les Strade Bianche, affaibli par une bronchite et privé de Milan-San Remo, son premier grand rendez-vous de l’année, le début de saison de Julian Alaphilippe a été pour le moins difficile. Contraint et forcé de mettre en pause sa préparation pour les classiques ardennaises (Flèche Brabançonne, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège) après un Tirreno-Adriatico sans éclat, le champion du monde s’était aligné sur le Tour du Pays Basque pour retrouver des sensations et de la confiance. Mission réussie pour « Loulou », heureux vainqueur de la deuxième étape dans un sprint difficile, parfaitement lancé par un Remco Evenepoel mué en équipier de luxe.
Une première victoire cette saison accueillie avec soulagement par le natif de Saint-Amand-Montrond : « Dire que j’ai douté, ce serait un grand mot mais oui, ce n’est jamais agréable de faire une semaine sans vélo, de regarder Milan – San Remo à la télé, expliquait-il aux journalistes de l’Équipe. Il faut s’adapter, prendre du recul, travailler dur. Je pense que j’ai plutôt réussi sinon je n’aurai pas gagné une étape comme celle-là. »

A deux reprises, sur la troisième et la quatrième étape de l’épreuve espagnole, le Français passe à nouveau tout proche de lever les bras, chaque fois devancé au sprint de quelques centimètres, d’abord par l’enfant du pays Pello Bilbao (Bahrain-Victorious), ensuite par Daniel Martinez (Ineos-Grenadiers). L’important est ailleurs : Julian a les jambes et s’est rassuré en vue des classiques ardennaises, son grand objectif du printemps puisqu’il a fait l’impasse sur les classiques flandriennes.
Un objectif que le Tour du Pays-Basque a permis de préparer idéalement, comme l’a expliqué son entraîneur Franck Alaphilippe aux journalistes de l’Équipe : « La succession des difficultés est parfaite. Si on devait réaliser le même travail à l’entraînement, il faudrait 32 heures. Là, c’est fait en 24 h sur cinq étapes et, surtout, c’est dans des conditions de compétition. » A son aise sur les pourcentages affreux des petits cols basques, Alaphilippe a ainsi pu compenser le manque d’entraînement de ces dernières semaines et devrait se présenter avec une forme optimale sur la Flèche Brabançonne, demain.
Un coureur en confiance et bien entouré
« Je suis très content de ma condition. Je ne pensais pas pouvoir être à 100 %, ou presque, pour les classiques mais je suis sur le bon chemin. Ces derniers jours, je me suis fait plaisir, les jambes sont là […] c’est bon signe pour les trois courses qui arrivent », confirme-t-il, toujours dans les colonnes de l’Équipe. Avec une confiance retrouvée et la soif de d’engranger les succès après plusieurs semaines frustrantes à ronger son frein, Julian Alaphilippe sera l’un des grands favoris de la Flèche Brabançonne.

Il devra composer avec Thomas Pidcock, Michal Kwiatkowski (Ineos-Grenadiers), Marc Hirschi (UAE Team Emirates) et Benoît Cosnefroy (AG2R-Citroën), ses principaux adversaires. Le plateau sera plus relevé encore sur la Flèche Wallonne et son terrible Mur de Huy, devenu le pré carré du Français, triple lauréat de cette épreuve si atypique (2018, 2019, 2021). Il retrouvera notamment sur sa route un certain Alejandro Valverde (Movistar), ancien propriétaire des lieux, l’épouvantail Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et surtout Primoz Roglic (Jumbo-Visma), qui avait failli lui griller la politesse l’an passé.
Dans sa quête, Julian Alaphilippe pourra compter sur le soutien précieux du « Wolfpack », le surnom de l’équipe Quick-Step Alpha Vinyl. Décevants sur les classiques flandriennes, les hommes de Patrick Lefévère se présentent dans les Ardennes avec de solides atouts. Le capitaine de route Dries Devenyns, la locomotive Rémi Cavagna ou encore les jeunes loups Mauri Vansevenant et Andrea Bagioli seront de la partie.

Mais c’est surtout la présence de Remco Evenepoel qui peut faire la différence. Auteur d’un début de saison très régulier, malgré des lacunes affichées en haute montagne qui lui ont coûté la victoire au Pays Basque (quatrième du classement général), le Belge représente forcément un allié de choix pour Julian, tant son talent est immense. Sur le dernier Tour du Pays Basque, il a d’ailleurs démontré, encore une fois, sa proportion à se mettre au service des autres quand il le faut en travaillant pour Alaphilippe.
Assurément, la présence d’Evenepoel complexifie la tâche des adversaires du Français et donne à la Quick-Step Alpha Vinyl une carte supplémentaire pour jouer la gagne. Alors, comment va s’organiser la cohabitation entre les deux puncheurs sur les trois classiques ardennaises ? « La Brabançonne pour moi, la Flèche wallonne pour Julian et puis on verra à Liège », plaisante le brabançon de 22 ans dans les pages du journal Le Soir.
Il a une revanche à prendre sur Liège-Bastogne-Liège !
Hélas pour Remco, Liège-Bastogne-Liège devrait justement constituer le principal objectif de Julian Alaphilippe cette année. Avec un parcours correspondant parfaitement à ses qualités, c’est une classique qu’il affectionne tout particulièrement. Pourtant, « la doyenne » se refuse obstinément à lui depuis ses débuts sur la course en 2015.

Deuxième pour sa première participation derrière un Valverde en état de grâce, il a terminé au pied du podium en 2018 avant de craquer dans le froid et la pluie en 2019 (16ème). En 2020, il croit enfin décrocher le graal, mais une célébration trop hâtive et surtout un sprint dangereux lui coûtent la victoire après un déclassement à la cinquième place. Encore deuxième l’an passé, cette fois battu au sprint par l’ogre Tadej Pogacar, Julian a clairement une revanche à prendre sur Liège-Bastogne-Liège, monument si prestigieux. 2022 pourrait bien être la bonne…
Alexis Kopp