A 22 ans, le prodige Remco Evenepoel (Quick-Step Alpha Vinyl) a remporté le premier monument de sa carrière en s’imposant aujourd’hui sur Liège-Bastogne-Liège, la course de ses rêves. Le Belge a distancé tous ses adversaires dans la côte de la Redoute à 29 km de l’arrivée pour s’imposer en solitaire, 48 secondes devant ses compatriotes Quinten Hermans (Intermarché Wanty-Group Gobert Matériaux) et Wout Van Aert (Jumbo-Visma).

La course de ses rêves
Remco Evenepoel ne s’en est jamais caché : Liège-Bastogne-Liège, « c’est la course [qu’il] rêve de remporter », comme il le confiait, avec une certaine assurance, aux journalistes de la RTBF en 2019. Un rêve devenu réalité en ce 24 avril 2022, jour de fête les Belges venus assister en nombre au sacre du prodige national sur la 108ème édition de la prestigieuse classique Liège-Bastogne-Liège.
C’est sur les pentes mythiques de la côte de la Redoute, juge de paix de l’épreuve, un peu passé de mode ces dernières années, que Remco Evenepoel a placé un démarrage tranchant et décisif. Une seule attaque, puissante, cinglante, au point de faire chasser la roue arrière. Une « bombe », qui aura suffi à écœurer la concurrence, définitivement distancée au sommet de cette difficulté, qui, comme un symbole, a été fatale au futur retraité Philippe Gilbert (Lotto-Soudal), dernier vainqueur belge de la ‘’Doyenne’’… jusqu’à aujourd’hui, donc.
Un raid solitaire épatant de trente kilomètres
Car une fois parti, fulgurant, Remco Evenepoel n’a plus jamais été revu. Placée sur le sommet de la côte de la Redoute à 29 km de Liège, l’offensive de l’ancien footballeur à fait exploser Nelson Powless (EF Education Easy Post) et Benoît Cosnefroy (AG2R-Citroën), les seuls à avoir réagi dans un premier temps.

La pépite de Patrick Lefévère s’est ensuite engagée dans un véritable contre-la-montre solitaire : bien posé sur sa machine, grand plateau, le coup de pédale aérien et le regard concentré, Evenepoel a inexorablement creusé l’écart sur le maigre peloton de favoris. Un à un, il a avalé puis recraché les derniers rescapés de l’échappée matinale, Paul Ourselin (TotalEnergies), Sébastien Grignard (Lotto-Soudal) et Bruno Armirail (Groupama-FDJ), toujours très généreux dans l’effort.
Des adversaires (encore) trop attentistes
Efficace, Evenepoel, propulsé leader de son équipe après l’abandon de Julian Alaphilippe, pris dans une chute massive à 59 km de l’arrivée, a surtout exploité l’incapacité de ses poursuivants à réagir correctement. Longtemps, seule la formation Bahrain-Victorious a assumé le poids de la poursuite par l’intermédiaire d’un Mikel Landa déjà bien éprouvé. A tel point qu’au pied de l’ultime difficulté du jour, la côte de la roche aux faucons, l’homme de tête, porté par tout un peuple, comptait déjà 40 secondes d’avance. Un matelas confortable et qui s’est même avéré suffisant pour rejoindre la cité ardente en vainqueur.

Comme très souvent cette saison, les poursuivants ont en effet trop tardé à prendre leurs responsabilités. Ils ont gaspillé de précieuses secondes à se toiser plutôt qu’à se relayer ou à relancer l’allure, tétanisés par la peur de favoriser les desseins d’un autre. Lorsque Michael Woods (Israël Premier Tech) allume enfin la mèche à dix bornes de la ligne, il est déjà trop tard. Malgré les accélérations successives de Dylan Teuns (Bahrain-Victorious) puis d’Alexander Vlasov (Bora-Hansgrohe), Evenepoel parvient à conserver une avance substantielle et peut prendre le temps de savourer son premier succès sur un monument, à seulement 22 ans.
Remco Evenepoel, un coureur de classiques ?
Un bonheur empli de larmes de soulagement. Car cette victoire pleine de panache vient effacer la piètre campagne de classiques de l’équipe Quick-Step Alpha Vinyl. C’est aussi une réponse aux critiques, parfois acerbes, que le jeune Remco a dû endurer ces derniers mois, où les résultats n’ont pas toujours été conformes à ses espérances.
Aujourd’hui, celui qui projette de s’imposer comme l’un des meilleurs coureurs de grands tours s’est en tout cas affirmé comme un chasseur de classiques hors pair, après avoir déjà glané la Classica San Sebastian en 2019. A défaut d’être le nouveau Merckx, Remco Evenepoel se pose clairement en digne héritier de Philippe Gilbert.

Alexis Kopp