Éliminé en demi-finale de Coupe d’Europe par La Rochelle (13-20), puis en barrage de top 14 par l’UBB (16-36), le Racing 92 est passé à côté de ses objectifs.

C’est une équipe qui était annoncée comme galactique. Il y a un peu plus d’un an, lorsque Jacky Lorenzetti enrôlait Gaël Fickou, la ligne de trois-quart du Racing 92 prenait une nouvelle dimension. L’international français, qui figure parmi les meilleurs centres du monde, semblait alors être la valeur ajoutée décisive pour retrouver un premier titre depuis la nuit magique de Barcelone, en 2016. Douze mois plus tard, et deux éliminations douloureuses dans la musette, le soufflé est retombé.
Un pack trop fragile
Le premier couac était l’élimination en demi-finale du dernier Top 14, contre La Rochelle (9-19). Étouffé, le pack francilien avait montré de sérieuses carences qui n’avaient pas été gommées par le recrutement de l’été dernier. Baptiste Pesenti était dépêché de Pau en urgence pour tenter de renforcer le huit de devant francilien mais la première saison de l’international français, miné par les blessures, n’a pas été un franc succès.
Cette année, les Racingmen ont donc de nouveau traîné comme un boulet leurs problèmes en conquête. Pas aidé par les blessures récurrentes de certains cadres, comme Camille Chat ou Bernard Le Roux, le manque de puissance global relève d’une véritable problématique. Si le Stade Toulousain peut s’appuyer sur des internationaux en puissance, ou le Stade Rochelais sur des véritables poutres, le Racing, lui, a manqué de densité pour rivaliser avec ce genre d’écurie.
Un effectif mal construit
Et, qu’on le veuille ou non, ces carences résultent d’un problème plus profond : la construction de l’effectif. Le club a trop misé sur sa ligne de trois-quarts, en investissant énormément de sa masse salariale sur des éléments comme Gaël Fickou, mais aussi Finn Russell, Teddy Thomas, Kurtley Beale ou Virimi Vakatawa. Si certains d’entre-eux sont inconstants, ils restent parmi les meilleurs en Top 14.
Cette ligne exceptionnelle a donné une illusion de puissance à la formation francilienne. Pourtant, qu’il soit jouer au nord ou au sud de la Loire, le rugby relève des mêmes fondamentaux et commence avant tout devant. Sans un gros pack, difficile d’espérer gagner un titre, encore plus au regard de la concurrence actuelle. Le Racing s’est donc trompé à la racine.
À un carrefour de son histoire
Coupons enfin le suspens insoutenable. Si la saison du Racing est indéniablement décevante, il est bien trop tôt pour parler d’un déclin du club. En revanche, il ne fait aucun doute qu’un cycle se termine. De nombreux départs (Baubigny, Colombe, Tanga, Machenaud, Thomas, Beale…) vont amener une refonte de l’effectif en vue de la saison prochaine. Le Racing 92 va donc jouer gros et la capacité d’adaptation de ses recrues au Top 14 (Tarrit, Poloniati, Kamikamika, Gelant…) sera déterminant.
S’ils perdent George-Henri Colombe et Yoan Tanga, qui incarnaient l’avenir dans le pack francilien, les ciel et blanc peuvent toujours compter sur de belles pépites. Le prodige Nolann Le Garrec va devenir un taulier de l’équipe (et du championnat) tandis que le virevoltant Max Spring risque de prendre une nouvelle dimension.
S’il y a de bonnes chances pour que les Franciliens vivent une saison 2022-2023 de transition, la puissance financière du club ainsi que le talent de sa formation devraient lui permettre de perdurer parmi les meilleures écuries du championnat.