Elena Rybakina gagnante de Wimbledon, une victoire aux allures de revanche

Face à la dernière favorite encore en lice, Elena Rybakina a défié les pronostics pour remporter son premier titre en Grand Chelem. Voici les clés de cette victoire aux allures de revanche.

Elena Rybakina remporte son premier Wimbledon
Un premier titre en Grand Chelem pour Elena Rybakina. ©Wimbledon

Un parcours surprenant…

Il faut croire que Rybakina préfère ne pas s’éterniser sur le court, car elle n’a concédé que deux sets en sets rencontres au cours de ces quinze derniers jours. Tombeuse de Coco Vandeweghe au premier tour, elle s’est offert la Canadienne Bianca Andreescu trois jours plus tard. Opposée à Zheng Qinwen au tour suivant, elle a de nouveau récité sa leçon en venant à bout de la Chinoise avec pratiquement le même score que ses précédentes rencontres.

Plus expéditive face à Petra Martic, Rybakina a finalement concédé un set à Ajla Tomljanovic avant de l’éliminer comme les autres avant elle. Si on s’attendait à une belle bataille pour sa demi-finale face à l’ancienne gagnante de Wimbledon, Simona Halep, la Kazakhe en a décidé autrement. Bien plus efficace au service, elle a dominé la Roumaine 6-3, 6-3 pour accéder à sa première finale de Grand Chelem face à Ons Jabeur, également rookie à ce niveau de la compétition.

©AFP

… pour une finale mémorable

Peu à l’aise dans ses baskets en début de match, Elena Rybakina s’est retrouvée dépassée par l’enjeu d’une première finale en Grand Chelem. Si la Kazakhe faisait grise mine dans ce premier set, son adversaire Ons Jabeur profitait bien de la situation et a annoncé la couleur dès le départ. Seulement, cet état d’esprit n’a pas handicapé Rybakina très longtemps. Au fil des points, elle s’est rappelé l’importance des premières balles et a renoué avec son service. Parallèlement, elle retrouvait sa qualité de jeu et un tennis de haute volée. La perte du premier set a eu l’effet d’un électrochoc pour la joueuse, au grand dam d’Ons Jabeur, breakée d’entrée dans les deux sets suivants.

La Tunisienne faisait la pluie et le beau temps sur le court central, mais sa domination n’a duré qu’un temps. À la manière de Novak Djokovic chez les hommes, Rybakina s’est relevée pour enfin tenir tête à sa rivale. La Kazakhe a calmé ses nerfs et retrouvé son sang froid. De plus en plus incisive, elle a repris l’avantage face à une Ons Jabeur déboussolée et fortement agacée par ce revirement de situation. Finis les slices, la Tunisienne a peu à peu perdu toute lucidité sur le court, enchaînant les mauvaises combinaisons. Incapable de contrôler ses émotions ce samedi, elle a laissé filer cette finale au profit d’une Rybakina indomptable.

La tête de série n°3 a donc vu sa rivale s’imposer en trois manches 3-6, 6-2, 6-2 et n’a pas été en mesure de l’en empêcher. Ce samedi 9 juillet, Elena Rybakina est rentrée dans l’histoire du tennis féminin en devenant la première Kazakhe à remporter la victoire finale sur le gazon londonien.

©Tennis Majors

Un exploit entaché par la géopolitique

Elena Rybakina aurait pu ne pas concourir cette année. De par sa nationalité d’origine, la Moscovite a échappé de justesse au boycott mis en place par le tournoi. Pour rappel, les organisateurs du Grand Chelem londonien ont souhaité répondre à leur manière à la Russie, dont le Président Vladimir Poutine s’est récemment transformé en envahisseur ukrainien. Et ils ont donné une réponse des plus drastiques : tous les joueurs et joueuses de nationalité russe ou biélorusse ont tout bonnement été interdits de tournoi. Au revoir Daniil Medvedev et Andrey Rublev chez les hommes, Aryna Sabalenka et Veronika Kudermetova chez les dames (et on en passe).

Dire qu’elle a su profiter de l’occasion serait un euphémisme. Sous la bannière kazakhe depuis plusieurs années maintenant, la grande gagnante de Wimbledon fait également un pied de nez à la Russie dont la Fédération de tennis a préféré ignorer Elena Rybakina quelques années plut tôt. Grand bien leur face, ils n’ont plus qu’à se mordre les doigts. Car la Kazakhe ne s’est pas contentée de participer au tournoi. Tour après tour, victoire après victoire, elle s’est surpassée pour aller chercher la victoire finale et décrocher son tout premier tournoi du Grand Chelem, succédant ainsi à Ashleigh Barty.

À 23 ans, Elena Rybakina offre au Kazakhstan une récompense des plus précieuses : elle devient la première joueuse Kazakhe à remporter le tournoi de Wimbledon, mais également la première à remporter un tournoi du Grand Chelem. Seul point noir dans cet exploit, le président de la Fédération russe de tennis, Shamil Tarpischev, s’est approprié l’exploit de la joueuse… L’hôpital se moquerait-il de la charité ?

Car rappelons-le, Rybakina a décidé de quitter la Russie pour la Kazakhstan afin d’être mieux soutenue sportivement et financièrement. Alors que son pays d’origine lui a refusé ce soutien des années auparavant et que les Russes sont privés de tournoi, cette réaction est extrêmement malvenue dans le monde du tennis, au point d’enlever à Rybakina le brio de sa performance. Et ce malgré les prévisions d’Elena Rybakina qui a bien tenté de couper l’herbe sous le pied des Russes avec sa déclaration d’après-match.

“Je tiens à remercier le président de la Fédération kazakhe, qui était là pour m’encourager en finale et qui était déjà là pour ma demie. Merci, votre soutien a été incroyable.”

Elena Rybakina

Quoi qu’il en soit, Elena Rybakina inscrit une première pierre à son nom dans l’histoire du tennis et de la WTA grâce à cette victoire sur le gazon de Wimbledon. Le prochain tournoi du Grand Chelem, l’US Open, débutera le 29 août à New York. Rybakina peut-elle doubler cet exploit ou subira-t-elle le courroux de l’ogresse Iga Swiatek ?

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