Alors que le circuit de ces Championnats du Monde de Wollongong a permis jusqu’à présent des dénouements différents pour les catégories junior/U23 et Femme Elite avec de bonnes surprises, le scénario de la course en ligne Homme Elite est toujours aussi incertain et nombreux sont les noms des candidats au maillot arc en ciel.
Tracé et conditions :

Commençons d’abord par les conditions générales :
Le circuit sera long de 266,9km avec au total 3945m de dénivelé positif. Le temps sera très clément comparé à la course Femme Elite de ce jour avec des températures douce oscillant entre 16 et 19°C.
Le tracé part d’Helensburgh pour rejoindre Wollongong où les coureurs enchaineront une première boucle pour aller chercher le Mount Keira et ses 6,5km à 6,2%, idéal pour lancer une bonne échappée matinale.
Ensuite s’enchaîneront 12 tours de 17,1km dans Wollongong rythmés par l’ascension du Mount Pleasant, seulement 1,1km à 7% mais présentant des passages à 12% qui a jusqu’à maintenant toujours été retenu comme le point clé de la course. Permettant à certains de creuser un écart ou à l’inverse de combler un retard.
Sur les courses Junior homme et femme et U23 homme et femme, il a permis aux plus fort(e)s de s’extirper et conserver assez d’avance jusqu’à la ligne d’arrivée, avec un sprint en (très) petit comité à la clé dans 75% des cas.
Pour la course Elite femme, un groupe de 5 a pu se détacher mais a été repris à l’approche de la ligne, permettant à Annemiek Van Vleuten de tenter un coup de loin, laissant toutes les autres concurrentes se regarder.
Les forces en présence :
Pour le contrôle de la course, 8 équipes ont pu aligner 8 coureurs (9 pour la France). Il s’agit de l’Espagne, l’Italie, la France (8 auquel s’ajoute le champion du monde en titre), les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique et l’Australie. Nul doute que les autres nations essaieront de se reposer sur ces équipes pour gérer une grande partie de la course.
Pour la plupart de ces nations à 8, il est intéressant de noter que les sélections ont été faites selon deux axes : un ou plusieurs hommes capables d’en finir au sprint dans un groupe plus ou moins restreint et un ou plusieurs hommes capable de rouler toute la journée et avoir l’énergie nécessaire pour finir en vainqueur, pourquoi pas en solitaire, au terme d’un grand baroud d’honneur (de quelques kilomètres à plusieurs dizaines de kilomètres).
Nous avons noté :
- Pour la Belgique : Quinten Hermans, Wout Van Aert et Jasper Stuyven au sprint et Remco Evenopoel et Yves Lampaert à l’attaque de loin.
- Pour les Pays-Bas : Mathieu Van Der Poel en sprinteur et Bauke Mollema, Taco Van Der Horn et Dylan Van Baarle de loin.
- Pour L’Espagne : Ivan Garcia Cortina pour le sprint et Marc Soler en baroudeur.
- Pour l’Italie : d’un côté Davide Ballerini et Matteo Trentin pour la pointe de vitesse et de l’autre Alberto Bettiol pour les occasions de loin.
- Pour la Grande-Bretagne : un groupe solide au sprint avec Ethan Hayter, Ben Swift et Jake Stewart et des rouleurs infatigables que sont Fred Wright et Luke Rowe.
- Pour de Danemark : bien que souvent poisson-pilote, Michael Morkov a bien des qualités au sprint à faire valoir et son équipe est composé des habitués des solides Magnus Cort et Jakob Fuglsang.
- Pour l’Australie : Simon Clarke et Michael Matthews pourraient bien s’en tirer dans un final emballé en petit comité alors que les habitués des Grands Tours Jai Hindley, Nick Schultz, Luke Plapp ou Ben O’Connor pourraient créer la surprise en prenant les commande de la course de loin.
- Et enfin pour la France : Christophe Laporte et Florian Sénéchal seraient en première ligne en cas de sprint alors que Valentin Madouas, Benoit Cosnefroy et Julian Alaphilippe feraient de redoutables échappés.
Julian Alaphillipe, justement. Tenant du titre et le défendant. Toutes les stratégies des différentes équipes doivent l’intégrer. Toute tentative de bluff du duo Alaphilippe/Voeckler ne sera plus prise au sérieux après l’année passée. Il disposera d’une équipe solide pour le contrôle de la course : Romain Bardet, Quentin Pacher, Christophe Laporte, Florian Sénéchal, Bruno Armirail ou même Pavel Sivakov.

Il est certain que la France devra s’enquérir des commandes de la course mais d’autres équipes pourraient le faire soit dans le même but, soit pour endormir la course et laisser du champs à une échappée et compliquer les manœuvres françaises.
Julian Alaphillipe fait parti de notre Top 5 pour la victoire finale en cas de course parfaitement contrôlée et durcie progressivement pour éliminer par l’arrière une bonne partie du peloton. Il est capable de faire la différence dans le dernier passage du Mount Pleasant et maintenir une avance suffisante sur les presque 7km restant.

Mais il n’est pas le seul à avoir des qualités de puncheur pouvant réaliser l’affaire. On pense notamment au Wout Van Aert du Cap Blanc Nez 2022, au Mathieu Van Der Poel des Strade Bianche 2021 ou au Tadej Pogacar du Koppenberg 2022.

D’autres noms pourraient créer la surprise, restant dans un peloton de plus en plus restreint jusqu’au moment opportun pour porter une attaque imparable.
On pense notamment au solide Alexander Kristoff, Biniam Girmay ou à Sergio Higuita, chacun dans un registre différent. Magnus Sheffield pourrait aussi brouiller les cartes de la course et on pense aussi au triple tenant du titre Peter Sagan.

Mais peut-être que, finalement, la clé de la course est détenue par la Belgique et que tout le monde scrutera sa stratégie car, on le sait, Wout Van Aert a fait de la course en ligne son objectif unique pour les mondiaux et on se souvient des dissensions de l’an passé avec Remco Evenepoel sur le “tout pour Wout”.
Nul doute que la course sera difficile et que le vainqueur méritera l’arc en ciel en 2023.