Remco Evenepoel va porter la maillot arc-en-ciel pendant un an. Le Belge a profité de sa forme étincelante et de la tactique française pour s’imposer en Australie. Retour sur un triomphe total pour le récent vainqueur de la Vuelta.

Un leadership partagé !
Evenepoel n’était pas le leader unique de sa formation, le Belge devait composer avec Wout Van Aert. L’an dernier, les deux coureurs ne s’étaient pas entendus et la course avait viré au fiasco alors qu’ils évoluaient à domicile. Hors de question pour eux que cela se reproduise en 2022.
C’est pourquoi le sélectionneur belge Sven Vanthourenhout avait décidé de bien définir les rôles cette année. Remco Evenepoel avait donc de la liberté d’action seulement s’il attaquait de loin. Van Aert quant à lui devait attendre le final pour bouger. Ainsi, les deux coureurs ne risquaient pas de se marcher dessus pendant la course.
Avec une équipe solide qui plus est, les possibilités étaient multiples pour la Belgique. C’est dire, un doublé aurait même pu être possible si Van Aert avait sprinté à fond à l’arrivée. Il a déclaré qu’il ne l’avait pas fait ne sachant pas qu’il se battait pour la deuxième place.
La tactique était donc parfaite pour Remco Evenepoel. Il ne lui restait plus qu’à s’extirper du peloton. Pour cela, une formation en particulier va lui offrir l’opportunité qu’il attendait tant. Le Belge ne va pas se faire prier et il va sauter sur l’occasion.

La tactique française à son avantage
Comme toujours, Thomas Voeckler le sélectionneur français nous avait concocté une sacrée tactique. La France avait décidé d’accélérer à de nombreuses reprises. Ainsi, la course s’annonçait explosive. Après de nombreuses attaques en début de course, la formation tricolore a remis cela avec Quentin Pacher dans le Mount Pleasant à 70 kilomètres de l’arrivée.
Remco Evenepoel a sauté sur l’occasion pour s’immiscer dans ce groupe. Le Belge faisait figure d’épouvantail étant donné qu’il était le seul favori présent dans cette contre-attaque. Le dernier vainqueur de la Vuelta a évidemment fait rouler ses hommes. Dewulf, Hermans et Serry se sont tour à tour mis à la planche pour leur jeune leader.
Côté français, Romain Bardet avait pour consigne de coller à la roue de Evenepoel. Ce qu’il a réussi à faire pendant quelques kilomètres avant de craquer et de laisser partir le Belge. Plus étonnant, Florian Sénéchal a roulé avec la Belgique alors qu’Evenepoel était clairement le favori dans ce groupe. Un comportement qui a interrogé après la course puisque Sénéchal s’est ensuite relevé pour se mettre en tête du peloton afin de combler un écart qu’il avait lui-même contribué à creuser.
Evenepoel n’en demandait donc pas tant. Il est donc sorti avec Alexey Lutsenko alors qu’il restait encore près de 35 kilomètres à parcourir. C’est dans l’ascension du Mount Pleasant qu’il a définitivement lâché son compagnon de fuite pour aller chercher le titre en solitaire.

Une montée en puissance cette saison
Remco Evenepoel a remporté la Vuelta à quelques jours du début du Mondial. Personne ne savait comment le coureur de 22 ans avait récupéré. C’était la première fois qu’il terminait une course de trois semaines en la remportant qui plus est. Avec le décalage horaire et toute la pression qui l’entourait, son état de forme était scruté.
Le coureur de la Quick-Step Alpha Vinyl a apporté quelques éléments de réponse dès le 18 septembre en terminant sur le podium du contre-la-montre individuel. Une performance remarquable avec seulement quelques jours d’adaptation à l’environnement australien. Une médaille de bronze qu’il est allé chercher derrière Tobias Foss et Stefan Küng.
Une fois les doutes levés, la course en ligne pouvait débuter avec un statut de favori pour Evenepoel. Le natif de Aaslt a assumé en s’envolant à 25 kilomètres de la ligne. Personne ne l’a revu même si son coéquipier Van Aert a accéléré dans l’avant-dernière ascension du Mount Pleasant. Après cela, le peloton s’est résigné et Evenepoel a pu savourer son triomphe en résistant en solitaire pendant plus de vingt bornes. Un exercice qu’il maîtrise à la perfection désormais.

Le monde du cyclisme tient un phénomène. Remco Evenepoel était annoncé depuis toujours comme un prodige de sa discipline mais son année 2021 avait semé des doutes quant à sa capacité à répondre aux attentes. Il a mis tout le monde d’accord en 2022 en remportant un Monument (Liège-Bastogne-Liège), un Grand Tour (la Vuelta) et la plus belle course du monde (le Mondial). Une année pleine pour celui qui va devoir faire un choix entre le Giro et le Tour de France pour 2023. Une décision très attendue.