Arsenal – Tottenham : Aux origines du derby du Nord de Londres.

Ce dimanche à 17h30 le choc de la Premier League opposera les deux clubs ennemis du Nord de Londres. Actuellement premiers et cinquièmes du championnat, Gunners et Spurs font partie des satisfactions de cette saison en Angleterre. 2 rivaux historiques de Premier League dont nous vous expliquons les origines de la rivalité.

Les North London Derby sont toujours électriques (crédits : Getty Images)

Une rivalité centenaire entre Arsenal et Tottenham

Si le North London Derby est un des affrontements les plus attendus de Premier League, c’est aussi parce que la rivalité entre les deux clubs est une des plus anciennes du Royaume. Il faut en effet remonter à plus de 100 ans pour trouver les traces des premiers éléments de tensions entre les deux équipes.

L’équipe d’Arsenal en 1888

Bien avant la Première Guerre Mondiale, les deux clubs existaient déjà. Et au début du vingtième siècle, Arsenal (à l’époque appelé The Arsenal) ne jouait pas encore ses matchs dans le Nord de Londres, mais dans le sud-est, et plus précisément dans le quartier de Plumstead. Une localité qui desservait le club puisqu’à cette époque, les plus grands joueurs et les investisseurs sont plutôt situés au Nord. Une situation qui impactait les performances de l’équipe et l’engouement autour d’Arsenal. Pour illustrer ce constat, à l’époque moins de 10 000 fans assistaient aux matchs des Gunners, contre 50 000 pour son voisin de Tottenham.

À cause de son emplacement dans un quartier industriel et pauvre de Londres comme Woolwich, l’engouement précaire a peu à peu amené Arsenal à déposer le bilan en 1910, tout en vendant ses meilleurs joueurs de l’époque. Une mise en liquidation judiciaire qui va marquer un tournant historique dans l’histoire d’Arsenal, mais qui posera la première pierre de la rivalité.

Sir Henry Norris, le sauveur d’Arsenal

À la recherche d’un repreneur pour garantir le futur du club, c’est un homme d’affaires et politique anglais qui vient sauver la situation. Sir Henry Norris, alors président du club de Fulham, se propose pour reprendre le club. Deux solutions sont alors évoquées : La fusion d’Arsenal avec le club de Fulham (idée rejetée par la Ligue), ou alors le déménagement afin de donner un nouvel élan dans une meilleure zone géographique pour le développement du football.

C’est alors qu’en 1913, la décision est actée : le club d’Arsenal quitte le quartier de Woolwich pour s’installer à seulement quelques kilomètres et élire domicile dans le stade de Highbury. Un changement validé par la ligue et qui met en rage le club de Tottenham. Estimant (peut-être à juste titre) qu’une deuxième équipe localisée dans le même quartier n’était pas nécessaire, et les relations entre les deux clubs ne partent pas du bon pied.

Promotions et relégations, la pomme de la discorde

Si le déménagement d’Arsenal dans le Nord de Londres a posé la première brique de la rivalité, le premier mur sera construit autour du domaine du sportif. Après la Première Guerre Mondiale la Premier League décide de passer de 20 à 22 clubs. Pour savoir quelles équipes pourront intégrer cette nouvelle version de la première division, la ligue prenait la dernière saison jouée totalement avant l’interruption due à la guerre, plus précisément la saison 1914-15.

Lors de cette saison Chelsea terminait avant-dernier du classement, juste devant Tottenham. Les deux équipes normalement reléguées pouvaient avoir un espoir de rester au plus haut niveau avec cette expansion, mais seulement les Blues ont eu le droit de rester automatiquement dans l’élite suite à une injustice de calendrier en fin de saison. Les Spurs étaient donc mis dans la balance pour la dernière place disponible.

Une seule place disponible puisque les équipes ayant terminées première et deuxième de la seconde division ont été autorisées à monter de division, comme la logique sportive le voulait. 6 équipes se retrouvent donc en balance pour cette dernière place :

  • Tottenham (20ème, Première Division)
  • Barnsley (3ème, Deuxième Division)
  • Wolves (4ème, Deuxième Division)
  • Birmingham City (5ème, Deuxième Division)
  • Arsenal (6ème, Deuxième Division)
  • Hull (7ème, Deuxième Division)

Arsenal fait donc partie de ces équipes en balance après avoir terminé 6ème du classement, une place qui sera révisée après une erreur dans la considération du goal-average, permettant aux Gunners de terminer une place plus haut.

Le classement de la première division
Le classement de la deuxième division

L’attribution de cette dernière place dans l’élite est donc soumise à un vote au sein de la ligue, et le fraichement arrivé Sir Henry Norris ne laisse pas passer l’occasion de ramener son club sur le devant de la scène anglaise. Usant de ses relations, de son pouvoir et du passé de son club, il argumente en faveur du retour d’Arsenal en première division. Des arguments concernant le prestige global du club, son passé glorieux ainsi que l’aide qu’Arsenal a apporté au développement du football anglais font pencher la balance en faveur des rouge et blanc.

Le résultat du vote est sans appel, et c’est Arsenal qui composte son billet pour la première division (18 votes à 8). Une injustice sportive apparente pour Tottenham, mais aussi pour Barnsley et Wolverhampton qui avaient terminé devant Arsenal à la fin de la saison. Un résultat qui a poussé les dirigeants de Tottenham à proférer des accusations de corruption, conflits d’intérêts ou pot-de-vin, sans pouvoir avancer une seule preuve de cela.

Après le déménagement dans le Nord de Londres, la promotion d’Arsenal a fait débat (crédits : Arsenal.com)

Une décision qui alimente la rivalité entre Arsenal et Tottenham qui passait d’une dimension géographique à une dimension sportive. Suite à un vote entouré de doutes, Arsenal est promu pendant que Tottenham est relégué, l’étincelle dans la poudrière. En réaction à cela, le Tottenham Weekly Herald publiera ce communiqué plein de colère, traduit par nos soins :

La Ligue a commis un acte grossier d’injustice sans pareil dans l’histoire du jeu et tout à fait indigne au nom du sport… Je ne peux pas leur (Arsenal) souhaiter de belles choses, ni aucun autre rédacteur avec un interet sincère pour le jeu. Un dommage irréparable a été fait.

Tiré du Tottenham Weekly Herald de mars 1919

Voilà donc le point de départ officiel d’une rivalité centenaire qui rythme nos saisons de Premier League. Tout d’abord un déménagement pour ensuite prendre la place de Tottenham en première division, une situation particulière vécue comme une injustice par les fans des Spurs qui reste dans les mémoires des fans comme une rancœur impossible à effacer.

Une rivalité bouillante chez les fans

Quelques chiffres autour du derby


  • 192 matchs ont été joués entre les deux clubs toutes compétitions confondues, pour une domination globale d’Arsenal avec 80 victoires contre 61 pour Tottenham, et 51 matchs nuls.
  • Seulement 15 joueurs ont joué pour les deux clubs depuis le début de la rivalité. Le premier à franchir le pas a été Jimmy Brain, attaquant anglais qui a joué 232 matchs (139 buts) pour Arsenal entre 1924 et 1931, avant de jouer pour Tottenham entre 1931 et 1935 (34 matchs, 10 buts marqués)
  • Harry Kane est le meilleur buteur des North London Derby. Avec ses 13 buts, il devance Emmanuel Adebayor, auteur de 10 buts dans le derby avec Arsenal, ou les Spurs.
  • Le plus gros écart est à mettre au crédit d’Arsenal avec une victoire 6-0 à l’extérieur le 6 mars 1935. Tottenham a déjà gagné 5-0 par deux fois en 1911 et 1983, et Arsenal une seule fois en 1978.
  • 3 joueurs ont déjà inscrit un triplé dans un derby. Terry Dyson est le seul pour Tottenham en 1961 pour une victoire 4-3 de son équipe. Pour Arsenal, Ted Drake et Alan Sunderland l’ont fait en 1934 et 1978. Un nouveau nom à inscrire ce week-end?

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