Ce week-end, la pluie a de nouveau fait sortir le drapeau rouge et écourté la course. Si l’Histoire de la Formule 1 regorge de courses arrêtées par un drapeau rouge, certaines resteront à jamais dans les mémoires. Retour sur cinq courses historiques.

La seule victoire de Vittorio Brambilla en F1 @statsF1
1. Grand-Prix d’Autriche 1975, la noyade de Lauda
Avant le début de ce Grand-Prix d’Autriche, Niki Lauda et sa Ferrari sont en tête du championnat avec 17 points d’avance. Il compte déjà six pole positions et quatre victoires. L’Autrichien est le favori du week-end sur ses terres. La piste de Zeltweg est un circuit sur lequel il n’a toujours pas gagné.
Au départ de la course, Niki Lauda est en pole position, devant James Hunt et Emerson Fittipaldi. Le pilote Ferrari, peu à l’aise sous la pluie, se fait dépasser par James Hunt sur une Hesketh-Cosworth au quinzième tour. Ensuite, il est dépassé par Vittorio Brambilla sur sa March-Ford. Parti huitième, Brambilla remonte grâce à un rythme exceptionnel depuis le début de Grand-Prix.
Entre le premier et le sixième tour le pilote italien a dépassé Carlos Pace, Jochen Mass, Fittipaldi, Clay Regazzoni et enfin Jody Scheckter qui était sorti de la piste. Suite à son dépassement sur Niki Lauda, le pilote de la March a dépassé James Hunt au dix-neuvième tour, son rythme étant bien supérieur à celui de l’Anglais.
Niki Lauda sous la pluie de l’Ostereichring @gettyimages
L’Italien a gardé la tête jusqu’a à la fin. Cependant, c’est dans les stands que la fin de course était la plus intéressante. Luca Di Montezemolo, responsable de la Scuderia Ferrari, a demandé à Bernie Ecclestone d’arrêter la course car la pluie s’intensifiait et surtout parce que Lauda n’avait plus de rythme. La course s’est arrêtée au 29e tour. Brambilla remporte la course devant Hunt et Tom Pryce. Lauda a fini sixième à plus d’une minute trente du vainqueur. Il a perdu six secondes par tour sur Brambilla après le quinzième tour.
2. Grand-Prix de Monaco 1984, l’avènement de Senna
Pendant cette saison 1984, le duel se déroule entre les deux ordinateurs de la Formule 1, Alain Prost et Niki Lauda. Le Français est arrivé cette année chez Mclaren pour remporter le titre. De son côté l’Autrichien est double champion du monde et en fin de carrière. Il a rejoint Mclaren dans le but de gagner un dernier titre.
La sixième manche du championnat, à Monaco, est la seule de la saison qui se déroule sous la pluie. Cette course va être l’occasion de révéler aux yeux du monde un pilote brésilien, Ayrton Senna. le Brésilien pilote une Toleman et vit sa première saison en Formule 1. Sa voiture n’est pas rapide, mais elle dispose d’un double aileron arrière qui peut être efficace dans un Grand-Prix de Monaco sous la pluie.
La Principauté est noyée sous des trombes d’eau. Niki Lauda a même demandé à Bernie Ecclestone de mouiller le tunnel. Le départ a été retardé de 45 minutes. Au départ, Prost reste en première position suivi de Nigel Mansell. Au neuvième tour, Mansell prend la tête mais il perd le contrôle de sa Lotus quelques tours plus tard au Casino à cause d’un freinage sur la ligne blanche. Il tape le rail et abandonne.

Ayrton Senna sous la pluie torrentielle de Monte-Carlo @motorbox.com
Le Français reprend la tête de la course. C’est Ayrton Senna qui revient sur lui avec une vitesse phénoménale. Le pilote Toleman utilise des trajectoires pluie. C’est d’ailleurs le premier pilote qui s’est décalé dans la descente avant le freinage du virage de Mirabeau pour éviter la bosse. Au 29e tour, Prost fait des signes pour arrêter la course car la pluie est beaucoup trop intense. Il est écouté par le directeur de course, Jacky Ickx, qui arrête la course au 32e tour. Prost s’arrête instantanément alors que Senna continue. La déception du Brésilien est visible sur le podium.
Néanmoins, ce qui est moins connu c’est que Stefan Bellof les accompagnent sur le podium. Parti vingtième, l’Allemand a un meilleur rythme que les deux pilotes devant lui. Si la course n’avait pas été arrêtée, il est presque certain que la victoire se serait jouée entre Bellof et Senna. Par la suite, Bellof a été disqualifié pour une voiture non-conforme.
3. Grand-Prix d’Australie 1991, une course arrêtée rapidement
La course est la dernière de l’année 1991, Ayrton Senna est déjà champion du monde et a remporté son troisième titre. Son rival de toujours, Alain Prost, s’est fait virer par Ferrari en cours de saison car il critiquait trop l’écurie et la voiture au goût des responsables de la Scuderia. C’est donc Nigel Mansell qui est son plus proche poursuivant.
Au départ de ce Grand-Prix, Ayrton Senna est de nouveau en pole position, sa soixantième en carrière. Son coéquipier, Gerhard Berger, l’accompagne sur la première ligne. La piste urbaine d’Adélaïde est inondée sous la pluie australienne. Néanmoins, le départ de la course est donné et aucun incident n’intervient pendant les cinq premiers tours de la course.

Le départ du Grand-Prix d’Australie dans les rues d’Adélaide @thedrive
Mansell allait doubler Senna au cinquième tour avant qu’un drapeau jaune ne soit brandi devant lui. Il a été provoqué par l’accident de Nicola Larini sur sa Modena-Lamborghini. Cependant, l’accident de l’Italien n’est pas le seul devant la route des deux hommes de tête. En effet, Jean Alesi et Michael Schumacher ont aussi tapé le mur et donc les dépassements restent toujours non-autorisés.
En tout, ce sont dix pilotes en seulement seize tours qui ont subi un incident de course. La pluie devenant trop forte, les commissaires ont décidé d’arrêter la course au dix-septième tour suite aux accidents successifs de Mansell et Berger. Enfin, les résultats ont été pris en compte à la fin du quatorzième tour lorsque Mansell et Berger étaient toujours sur le podium. Suite à son accident, Mansell n’était pas présent sur le podium.
4. Grand-Prix du Brésil 2003, le parking du virage 3
Cette saison, la compétition est devenue difficile pour Ferrari qui ne domine la saison comme en 2002. Après deux courses, Kimi Räikkönen est en tête du championnat du monde avec seize points devant son coéquipier David Coulthard et Juan-Pablo Montoya sur sa Williams BMW. Michael Schumacher n’est que sixième du championnat avec huit points.
Cette qualification s’est révélée très serrée avec les quatre premiers pilotes en 60 millièmes. C’est Rubens Barrichello qui a signé la pole position devant son public. Le départ est décalé de 10 minutes à cause de la pluie. Les deux manufacturiers de pneus, Bridgestone et Michelin n’ont apporté que des pneus Intermédiaires, alors que la piste est détrempée. Le virage 3 est extrêmement dangereux car une rigole d’eau traverse la piste. Comme l’a dit quelques années plus tard, Giancarlo Fisichella “Il fallait décélérer massivement mais pas complètement car sinon on perdait le contrôle de la voiture”.

Le Parking du virage 3 au Brésil @motorsportmagazine
Après quelques tours derrière la voiture de sécurité, le départ est donné. Les deux Mclaren-Mercedes prennent rapidement le contrôle des opérations suite à leurs dépassements sur Barrichello. Les pneus Intermédiaires de Michelin semblent plus rapide que les Bridgestone des Ferrari sur une piste détrempée.
C’est au 25e tour que le parking du virage 3 commence. Montoya est le premier pilote à partir en tête-à-queue, il est suivi quelques tours plus tard par Schumacher et Antonio Pizzonia. Ce sont Jenson Button et Jacques Villeneuve qui sont les derniers à se garer au virage 3. Les cinq pilotes qui sont sortis à ce virage, sont partis en aquaplaning de la même manière.
A la mi-course, la pluie n’est plus aussi intense et la Ferrari de Barrichello retrouve du rythme pour dépasser Coulthard. Cependant, deux tours plus tard, au 47e tour, le pilote brésilien abandonne comme quatre ans plus tôt, lorsqu’il était sur une Stewart. Räikkönen qui a redépassé Coulthard se retrouve en tête de la course. Au 53e tour, le Finlandais est dépassé par Fisichella sur une stratégie à un arrêt à ce moment-là de la course.
La course est arrêtée à ce même tour car Webber a perdu le contrôle de sa Jaguar dans le dernier secteur et que Fernando Alonso a heurté un pneu suite à l’accident de Webber. Räikkönen est donné vainqueur à la fin de la course. Néanmoins quelques jours plus tard, suite à une réclamation de Jordan, Fisichella remporte le Grand-Prix car le résultat est donné à la fin du 53e tour et non à la fin du 52e comme cela avait été fait.
5. Grand-Prix du Canada 2011, Button de zéro à héros

Le dépassement de Button sur Vettel dans le dernier tour
Lors de la saison 2011, la Red Bull de Sebastian Vettel domine outrageusement le championnat. La Red Bull commence chaque course en pole position. Cela va durer jusqu’au Grand-Prix de Corée et la pole position de la Mclaren de Lewis Hamilton. Comme chaque course, Vettel est en pole position devant les deux Ferrari de Alonso et Massa.
Le départ de la course est lancé à la fin du quatrième tour. Dès le début Webber et Hamilton s’accrochent. En effet le Britannique a sous-viré dans le ponton du pilote Red Bull qui est parti en tête à queue. Hamilton qui a voulu passer par l’extérieur s’est retrouvé bloqué par la monoplace de Webber. Pour le natif de Stevenage, les ennuis ne s’arrête pas là puisque qu’en voulant dépasser Button, dans la ligne droite de départ/arrivée, il s’est fait tasser par son coéquipier. Cette accrochage lui cause un aileron et une suspension arrière cassés. Il abandonne quelques hectomètres plus loin.
Suite à cet incident, la pluie s’intensifie et la piste devient impraticable. Les commissaires brandissent le drapeau rouge et la course est arrêtée au 25e tour. Le drapeau rouge dure deux heures et cinq minutes ce qui oblige TF1 a basculé le Grand-Prix sur les antennes d’Eurosport. La course repart derrière la voiture de sécurité.
Au 34e tour, Kobayashi passe deuxième, devant Felipe Massa. Ensuite la piste commence a séché, ce qui n’empêche pas Alonso et Button de s’accrocher à la première chicane. Alonso abandonne et Button subi une crevaison. Après le passage en pneus tendres, Schumacher dépasse Massa et Kobayashi pour le gain de la deuxième place. Ensuite l’Allemand continu sur son rythme contrairement aux deux autres.
En fin de course, Webber et Button reviennent sur Schumacher. Button dépasse l’Allemand, alors que Webber reste derrière le pilote Mercedes. Webber finit par dépasser Schumacher et se retrouve sur le podium sans pour autant s’échapper. Lors du dernier tour, le pilote Mclaren est revenu sur le leader Vettel et le passe dans la deuxième chicane. Vettel a freiné sur la partie humide et a failli perdre le contrôle de sa voiture. Jenson Button s’impose devant Vettel et Webber après deux accrochages et un drive-through.
Jean-Baptiste Fournier