Parmi les grands favoris de cette Coupe du Monde, l’Argentine a déçue en s’inclinant face à une formation saoudienne censée être moins forte, mais qui a montré plus de solidarité et de cohésion, entre autres choses. Focus sur 3 raisons qui expliquent cette défaite.

1- Un scénario improbable
L’Argentine était attendue, et l’Argentine a déçu. Mais avant d’analyse ce qui n’allait pas dans le jeu et dans l’approche du match coté Albiceleste, la défaite de ce matin peut aussi s’expliquer par un improbable concours de circonstances.
Pourtant les joueurs de Scaloni étaient bien entré dans ce match. Une domination au niveau du contrôle du ballon, et quelques offensives pour mettre un peu de pression sur la défense saoudienne. Une domination récompensée par un penalty sifflé pour un ceinturage sur Paredes au cours d’un corner argentin, décision incohérente par rapport au match de l’Angleterre la veille, mais faute logique. Lionel Messi ne se fait pas prier et le transforme, avantage pris à la 10ème minute.
Oui mais voilà, ce match va peu à peu se transformer en une vraie expérience, tout d’abord avec pas moins de 3 buts argentins refusés pour hors-jeu. Des décisions logiques, mais qui font penser qu’à quelques centimètres près, la physionomie du match aurait pu être très différente, surtout pour le but refusé à Lautaro Martinez. Pour une clavicule, le but du break est refusé, terrible pour l’Argentine qui dominait les débats.

Après la pause, le scénario de ce match devient encore un peu plus fou. L’Argentine est molle, l’Arabie Saoudite au contraire, est à bloc. Galvanisée par le discours d’Hervé Renard à la mi-temps, l’équipe d’Arabie Saoudite marque deux buts coup sur coup, de fort belle manière. Deux frappes limpides qui viennent tromper Emiliano Martinez, et plongent l’Argentine dans le noir.
Les deux seuls tirs cadrés du match font mouche, et c’étaient d’ailleurs les deux premières frappes cadrées de la partie pour eux. Un vrai hold-up pour une équipe malmenée jusque-là, mais qui a ensuite défendu le plomb pour garder cet avantage.
En ajoutant tous ces évènements, comment l’Argentine pouvait gagner ce match? Ils seront aussi tombé sur un très bon Mohammed Al Owais dans les buts saoudiens, élu d’ailleurs homme du match par la Fifa. Mais il serait trop facile de mettre cette défaite sur le compte de la malchance, loin de là.
2- Une Argentine défaillante à bien des aspects
Si l’Argentine s’est confronté à des circonstances incroyables, dans le jeu les hommes de Scaloni n’ont pas convaincu, loin de là. Et le secteur de jeu qui a le plus déçu ce mardi est indubitablement le milieu de terrain. Avec une doublette Leandro Paredes – Rodrigo De Paul alignée d’entrée, on ne s’attendait pas à une animation créative, mais les deux joueurs n’ont pas non plus réussi à mettre l’impact prévu.
Dépassés par l’envie des saoudiens et incapable de briser les lignes lorsque l’Argentine attaquait une équipe d’Arabie Saoudite en bloc bas, la paire n’a pas marqué des points. L’entrée d’Enzo Fernandez suivant le deuxième but adverse a au moins amené de la créativité et une touche technique au milieu de terrain, mais un peu trop tard pour déstabiliser le bloc. Beaucoup de ballons touchés pour ces deux joueurs (97 pour De Paul, 69 pour Paredes) mais peu de choses faites pour faire progresser le jeu. Lionel Messi était même obligé de redescendre très bas pour pouvoir apporter de la verticalité, mais cela délaissait complétement l’espace entre l’attaque et le milieu, orphelin du septuple Ballon d’or.
Justement l’attaque, autre point moyen de ce match. Beaucoup d’activité en première période avec des situations qui auraient pu se transformer en buts, mais une baisse de régime petit à petit au fil du second acte. En seconde période justement, seul Angel Di María semblait être capable de créer du danger, et a provoqué plusieurs coup francs intéressants. Papu Gomez décevant, Messi hors de position et Lautaro inconstant, le secteur offensif n’a pas brillé.

Enfin la défense peut elle aussi être pointée du doigt, défaillante sur les deux buts. Tout d’abord sur le premier, Romero fait preuve de beaucoup de naïveté dans la couverture de la profondeur, et ne peut reprendre Saleh Al Shehri qui ouvrait le score d’une frappe croisée. Sur le second but, la défense argentine peine à se dégager et manque de vivacité pour gêner Al Dawsari. Paredes, Romero et Gomez laissent trop de libertés, ce qui permet à l’attaquant de place sa frappe.
Trop de défaillances au sein de l’équipe d’Argentine pour espérer quoi que ce soit face à l’Arabie Saoudite qui a su tirer profit de ces errances.
3- La meilleure équipe a gagné
C’est effectivement ce qu’on peut penser à la fin de ce match. On le sait durant ces compétition, la victoire peut s’acquérir grâce au talent des individualités, mais lors des phases de poules c’est souvent la solidité et la solidarité qui prime. Dans une confrontation qui tenait du remake de David contre Goliath, les saoudiens ont fait preuve de plus de cohésion et se sont comporté en équipe, au contraire des argentins.

Durant les dernières minutes, l’Argentine poussait mais les attaques étaient très souvent désordonnées, pas en rythme ou tout simplement pas assez tranchantes. Un comportement d’équipe qui a contrasté avec les sacrifices réalisés par les saoudiens afin de garder cet avantage. Quelques exploits individuels pour créer quelque chose, c’est tout. Tout la nation s’en remettait à un coup de génie de Lionel Messi qui n’a pas eu lieu, mais il a manqué quelque chose de collectif chez les récents vainqueurs de la Copa America.
Un collectif qui avait pourtant fait leur forces durant cette compétition à l’été 2021, et quelque chose qui peut, et qui doit revenir pour redresser le bateau albiceleste. Pour les saoudiens cette victoire est un exploit historique, un jour férié a même été décrété dans le pays pour marquer d’une pierre blanche ce jour. Un exploit acquis au terme d’un effort collectif, solidaire et héroique de joueurs qui ont toujours cru en leur chance et qui sont entrés sur le terrain la rage au ventre, tout ce que l’Argentine n’avait pas aujourd’hui.