A quelques heures du coup d’envoi de sa Coupe du monde, quelles chances pour les Bleus qui défendront leur titre dès mardi face à l’Australie ? Présentation de la nation championne du monde en 2018 qui cherchera à briser la malédiction des champions en titre éliminés dès la phase de poule. Une série qui dure depuis plus d’une décennie.

Introduction :
Vainqueur de la compétition à deux reprises en 1998 et en 2018, lors de la précédente édition, la France se place depuis plus de vingt ans comme une sélection majeure de la Coupe du monde.
Depuis sa première participation pour ce qui restera comme la première Coupe du monde de l’histoire (en 1930), la sélection française n’a cessé de monter en puissance avant d’atteindre le Graal un soir de juillet 1998 au stade de France.

Crédit photo : Bertrand Guay/AFP.
Avant cela, les Tricolores avaient décroché une troisième place lors de la Coupe du monde 1958 en Suède (où Just Fontaine inscrivit treize buts sur une seule édition, record jusqu’ici inégalé), puis une demi-finale mémorable et traumatisante pour toute une génération à Séville en 1982. La France s’inclina au bout de la nuit contre la RFA (République Fédérale Allemande) aux tirs-au-but (3-3, 5-4).
Deux ans plus tard et déjà à domicile, les Bleus remportaient le premier trophée majeur de leur histoire, l’Euro, face à l’Espagne (2-0) avant de retrouver un podium mondial lors de la coupe du monde au Mexique (1986).
Absent d’un mondial pour la dernière fois en 1994, l’équipe de France connu deux autres finales mondiales et une d’Euro (remportée face à l’Italie en 2000). L’une en 2006 (perdue face à cette même Squadra Azzurra aux tirs-au-but 5 à 3 après une égalité de 1-1 après prolongation), l’autre victorieuse il y a quatre ans en Russie, 4-2 en finale face à la Croatie.
Actuellement quatrième nation mondiale au classement FIFA, la France pourra-t-elle retrouver la première place à l’issue de cette vingt-deuxième Coupe du monde ?
Dynamique :
L’équipe de France ne reste pas sur une dynamique positive depuis quelques matchs. Pourtant auréolé du titre de champion du monde, le futur de la France pouvait s’imaginer sous les meilleurs hospices. Mais la sélection tricolore n’a cessé d’alterner le bon et le moins bon, tournant parfois au très inquiétant.
Car depuis juillet 2018, la France n’a pas confirmé son statut dans les compétitions auxquelles elle a participé. Seule exception, son titre en Ligue des Nations en septembre 2021 après avoir disposé de la Belgique (3-2) et de l’Espagne (2-1) lors de deux rencontres à rebondissements, démontrant, s’il le fallait, que les joueurs de Didier Deschamps avait encore la hargne et l’état d’esprit nécessaire pour remporter des titres. Avant cette phase finale, l’équipe de France était sortie d’une poule composée du Portugal, de la Croatie et de la Suède avec 16 points sur 18 possibles (seulement tenue en échec par le Portugal au stade de France 0-0).
Mais entre-temps, les Bleus ont connu des déceptions. Les champions du monde en titre s’avançaient comme un favori assumé à la victoire finale à l’Euro 2020 et rêvaient d’un destin semblable à leurs aînés de 1998, qui s’étaient imposés deux ans plus tard lors de l’Euro 2000. Après être sortis d’une poule relevée composée de l’Allemagne, de la Hongrie et du Portugal, les Bleus échouaient en huitième de finale face au voisin suisse pour ce qui restera comme l’une des plus grandes déceptions de l’ère Deschamps (3-3, 5 à 4 aux tirs-au-but).

Crédit photo : Franck Fife/AFP.
Le temps séparant les Bleus de la Coupe du monde voyait se dresser sur leur chemin les « Qualifications » à la Coupe du monde et la défense de leur titre en Ligue des Nations.
Dans un groupe à la portée des Français où l’Ukraine, la Finlande, la Bosnie-Herzégovine et le Kazakhstan convoitaient une place pour le Qatar, les joueurs de Didier Deschamps assumèrent leur statut et terminèrent à la première place (18 points, 6 victoires pour 2 égalités).
Ce fut plus laborieux en Ligue des Nations. Face à la Croatie, au Danemark et à l’Autriche, la France parvint à se maintenir sur le fil dans le groupe A, grâce à sa seule victoire en six rencontres (2-0 contre l’Autriche).
Défaite à deux reprises par le Danemark (1-2 et 2-0 pour la dernière répétition avant le mondial), la France s’avance vers le Qatar avec des incertitudes quant à la défense de son titre, chose qu’elle n’a pas su faire en Ligue des Nations, et chose qu’aucune nation n’est parvenue à faire depuis le doublé du Brésil aux Coupes du monde 1958 et 1962. Rappelons même que, depuis 2010, aucun champion en titre n’est parvenu à se sortir de la phase de groupe. Sacré défi.
Points forts, points faibles et formation attendue :
Sur la liste des joueurs présents au Qatar, seulement dix sont rescapés de la victoire en Russie d’il y a quatre ans. Certains étaient des éléments prépondérants du succès de 2018 (Lloris, Varane, Mbappé ou encore Griezmann), mais d’autres « tauliers » seront absents cette année. Parmi eux, les milieux champions du monde Paul Pogba et N’Golo Kanté.
Véritables pièces maîtresses de la victoire au mondial 2018, leurs absences sur blessures posent question quant à la tenue du jeu et de l’équilibre collectif par leurs remplaçants. Adrien Rabiot et Aurélien Tchouaméni semblent en pôle-position pour les suppléer, mais le peu d’automatisme et de références internationales de ces deux joueurs pourraient être un poids pour l’équipe de France. Leur apport sera une des clefs du jeu français.

Depuis Nkunku et Benzema ont quitté le groupe sur blessure. Seul le joueur de Leipzig a été remplacé, par Randal Kolo Muani.
Crédit photo : 433.
Autre coup dur en date, la blessure de Karim Benzema à l’entraînement samedi dernier. Victime d’une lésion à la cuisse gauche, le tout récent ballon d’or ne participera pas à ce qui devait être sa deuxième Coupe du monde, et probablement sa dernière (il avait été absent des éditions 2010 et 2018).
Son absence sera préjudiciable pour une nation qui peine à retrouver l’assurance et la puissance collective qui lui avait permis (entre autre) d’arriver au sommet en Russie. Didier Deschamps devrait faire confiance à un quatuor de champions du monde en la présence d’Olivier Giroud, Kylian Mbappé, Antoine Griezmann et Ousmane Dembélé pour animer le secteur offensif. Pleine de qualité et complémentaire, cette attaque aura de quoi effrayer de nombreuses nations.
Pour la défense, le mondial russe devrait aussi servir de base. Outre Samuel Umtiti, trop souvent blessé depuis 2018 et absent de la liste, Hugo Lloris, capitaine et toujours influent, sera le titulaire au poste de gardien. Les couloirs devraient être animés par deux autres champions du monde en la personne de Benjamin Pavard et Lucas Hernández.
Ce dernier retrouverait une place de titulaire sur le côté gauche, poste qu’il n’a plus occupé régulièrement depuis quatre ans. Enfin, Raphaël Varane semble intouchable malgré sa forme incertaine. Ibrahima Konaté, tout juste de retour de blessure, accompagnerait l’ancien joueur du Real Madrid.
Après avoir tenté de passer à une défense à trois, Didier Deschamps, face à l’incertitude et au manque de résultat de ce dispositif, devrait revenir à un 4-2-3-1, système qui lui avait permis de soulever le trophée de champion du monde. Le sélectionneur, en poste depuis 2013, pourra s’appuyer sur un banc redoutable (avec Coman, Thuram et Theo Hernández par exemple) qui sera un bon moyen de faire la différence. Malgré les absences, la France affiche un groupe complet et de qualité, pouvant être difficile à dompter pour ses adversaires. Symbole d’une passation de pouvoir entre le groupe champion du monde en 2018 et celui de 2022 ? Les Bleus ont un mois pour réussir cette transition.
Le joueur à surveiller : Kylian Mbappé
En l’absence de Karim Benzema, l’attaquant du Paris Saint-Germain sera, sans doute, l’élément principal du secteur offensif. Doté d’une vitesse hors-norme et d’une qualité technique dangereuse, le natif de Bondy devra assumer la responsabilité de l’attaque française, et toutes les attentes qui en découlent.
Fautif lors de l’Euro après n’avoir marqué aucun but et manqué le dernier penalty français (causant l’élimination des Bleus), ce mondial sera une opportunité en or pour Mbappé de montrer qu’il a les épaules assez solides, et le mental nécessaire pour faire de lui un champion. S’il venait à remporter sa deuxième Coupe du monde à moins de 24 ans, il marcherait dans les pas d’une légende du football, Pelé (champion du monde à trois reprises en 1958, 1962 et 1970).

Pronostic : Huitième de finale minimum
Tirée au sort dans une poule rappelant grandement le mondial russe (Australie, Pérou et Danemark en 2018), la France se retrouve encore avec l’Australie et le Danemark au Qatar en plus de la Tunisie (le Pérou ayant perdu la finale du barrage de qualification de la zone Asie/Amérique du Sud face à… l’Australie).
Pour briser la malédiction, la France affrontera, à nouveau, l’Australie lors de son match inaugural, avant d’affronter le Danemark pour ce qui ressemble à une finale pour la première place du groupe. Mais face à deux équipes accrocheuses, la tâche ne s’annonce pas si aisée, et les Bleus devront faire preuve de sérieux et d’attention pour ne pas se retrouver piégés et quitter la compétition dès la phase de groupe. Le match contre la Tunisie décidera de la qualification, ou de la place de la France dans ce groupe D et pourrait être l’opportunité de faire tourner certains cadres en fonction du classement lors de la dernière journée.

La France se heurterait à une des nations suivantes en cas de qualification : l’Argentine, le Mexique, la Pologne ou l’Arabie saoudite. Si les faucons d’Arabie semblent en théorie en-dessous de leurs adversaires, l’objectif sera d’éviter l’Albiceleste en huitième (même si cela rajouterait encore des souvenirs de 2018 dans l’esprit tricolore). Le reste n’est qu’hypothétique. Une défaite face à l’Argentine ou contre une autre nation du groupe C dès les huitièmes n’est pas à exclure. A voir si les Bleus auront retenu la leçon de juillet 2021, afin de retrouver les étoiles.
- 1ère journée, groupe D : France – Australie
Mardi 22 novembre 2022, Al-Janoub Stadium, Al Wukair.
Retransmission télévisuelle : TF1/beIN Sports, 20h (heure française).
- 2ème journée, groupe D : France – Danemark
Samedi 26 novembre 2022, Stadium 974, Doha.
Retransmission télévisuelle : TF1/beIN Sports, 17h (heure française).
- 3ème journée, groupe D : Tunisie – France
Mercredi 30 novembre 2022, Education City Stadium, Ar Rayyan.
Retransmission télévisuelle : TF1/beIN Sports, 16h (heure française).