Décryptage : La Rochelle, le retour du champion.

Pour son premier match en Champions Cup de la saison, près de sept mois après son sacre face au Leinster à Marseille (24-21), le Stade Rochelais commençait la défense de son titre avec la réception du club anglais de Northampton.
Comment les Jaune et Noir ont-ils appréhendé leur retour et quelles ont-été les clés du succès maritime ?

Thomas Berjon et les Rochelais auront à cœur de défendre leur titre. Crédit photo : Xavier Leoty/Sud Ouest.

Les points forts :


La conquête

Point fort du premier titre majeur de l’histoire du club rochelais, la conquête a une nouvelle fois été l’élément prépondérant de la victoire du tenant du titre. Rapidement devant au score grâce à un essai de Brice Dulin dès la troisième minute, la puissance du pack jaune et noir s’est ensuite fait ressentir. Pierre Bourgarit, très en vue samedi soir, s’est mis en évidence à la suite d’une touche et d’un maul en franchissant la ligne d’en-but, permettant à son équipe de mener 12 à 0 (après transformation) en seulement 21 minutes de jeu.

Grégory Aldritt a encore été un pionnier du Stade Rochelais.
Crédit photo : Rugbyrama.

Dominateurs en mêlées fermées en première période avec 100% de mêlées gagnées sur ses introductions, les avants maritimes se sont aussi fait remarquer par leur impact sur les deux autres essais rochelais en première période.

Le troisième essai intervint après une touche mal digérée mais que Pierre Bourgarit rattrapa en attaquant la ligne avant d’être suppléé par Grégory Aldritt, une nouvelle fois impressionnant et qui y alla de son essai après un contre (43ème), puis Tawera Kerr-Barlow qui envoya Pierre Boudehent derrière la ligne (25ème minute).

Le dernier essai de cette première période, inscrit par Dillyn Leyds à la sirène des suites d’une mêlée à cinq mètres, représente à la perfection la capacité rochelaise à varier son jeu en écartant sur les ailes. Puissance, rapidité et finesse. A souligner l’excellent match de Yoan Tanga, arrivé cet été en provenance du Racing 92 et d’hors et déjà indispensable au collectif maritime.

Une occupation proche de la perfection

Brice Dulin très bon pour La Rochelle

Pour sa première titularisation en coupe d’Europe, la nouvelle charnière Tawera Kerr-Barlow/Antoine Hastoy a été très propre et parfaitement aidée par Brice Dulin dans le jeu au pied. Dès le début du match, l’arrière tricolore a profité d’un ballon cafouillé par son alter-ego anglais pour inscrire le premier essai de la partie.

L’ancien racingmen fut aussi auteur de nombreux coups de pied de dégagements qui allégèrent la défense rochelaise, déjà peu mise en difficulté pendant plus d’une heure de jeu, dont un 50-22 splendide (19ème) qui amena le deuxième essai des locaux.

Il est à souligner que c’est encore Brice Dulin d’une passe au pied qui décale U.J. Seuteni pour l’ultime essai de l’équipe de Ronan O’Gara, qui a prolongé son contrat la semaine dernière jusqu’en 2027.

Au-delà de l’importante activité de son demi de mêlée, la réussite au pied d’Antoine Hastoy est aussi à souligner, tant ce point là fut un problème la saison passée. Auteur de 16 points sur les 46, l’ouvreur français n’aura manqué qu‘un seul coup de pied sur huit tentés. Symbole d’un renouveau pour le club du Président Merling ? La rencontre de samedi face à l’Ulster sera un début de réponse.

Une puissance symbolisée par l’indiscipline anglaise

En une seule mi-temps, les joueurs de Northampton ont fait pas moins de onze fautes, contre une seule côté Jaune et Noir. Impuissant face au pack et face aux offensives rochelaises, les Anglais ont été totalement dépassés pendant plus d’une heure de jeu sur la pelouse de Marcel-Deflandre.

Il n’aura fallu que 40 minutes aux champions en titre pour décrocher le bonus offensif, sans encaisser aucun point (32-0 à la mi-temps). Les joueurs de Ronan O’Gara n’auront d’ailleurs encaissés des points qu’à partir de la 70ème minute (71ème et 76ème). Avec neuf turnovers, le Stade Rochelais n’aura pas eu le temps de douter, affichant sa supériorité et envoyant (déjà ?) un message à l’Europe. Il faudra compter sur les Jaune et Noir cette saison.

A l’image de Jonathan Danty, les Rochelais auront régné et surpassé leurs adversaires. Crédit photo : Xavier Léoty/Sud Ouest.

Le point noir :


Un relâchement coupable

Dominants et nettement au-dessus de Northampton, La Rochelle aura frappé fort dès son premier match d’Heineken Champions Cup. Néanmoins, un relâchement compréhensible, mais coupable est à souligner dans cette rencontre.

Menant 46-0, le Stade Rochelais réalisait un match complet et remarquable. Pénalisé à une seule reprise, auteur de six essais et ayant déjà le bonus offensif en poche, l’enjeu de la fin de match résidait dans la capacité des coéquipiers de Grégory Aldritt à garder cet écart au score.

Ce qui ne fut pas le cas. Rémi Bourdeau de déclarer après le match : « On s’était fixé un objectif de points à encaisser au maximum, il n’est pas tout à fait respecté. Mais on s’est démené pour repousser leurs attaques et garder notre ligne inviolée. C’est un peu dommage de prendre ces deux essais. ».

Cette réaction est parfaitement démontrable avec la statistique suivante : 8 coups de sifflet furent contre le club français en deuxième mi-temps, quatre de plus que son adversaire sur la même période.

Les Maritimes concédèrent aussi un carton jaune (leur second après celui reçu par Danty en première mi-temps coupable d’un tacle digne de ce qui fut possible de voir entre Français et Anglais à la Coupe du monde) lourd de conséquence puisque Thomas Lavault laissa ses partenaires à 14 pour dix minutes (67ème). Laps de temps où ils encaissèrent deux essais, douze points au total.

Dans une compétition où chaque point et écart comptent, espérons que cette absence ne sera pas éliminatoire. Mais nous concédons qu’il s’agit d’un bien maigre point noir tant l’autre couleur symbole du Stade Rochelais, le jaune, à rayonner.

La déclaration :

C’était important de bien entrer dans cette compétition avec une victoire. (…) Par le passé, on a montré qu’on était à la hauteur des équipes comme le Leinster. C’était important de montrer qu’on est présents et qu’on le sera. Jusqu’à présent, nos résultats sont en dents de scie : on fait de bonnes performances chez nous et quand on se déplace, c’est beaucoup moins complet. On va avoir un gros défi la semaine prochaine face à l’Ulster, si on veut espérer faire quelque chose là-bas, il faut qu’on soit plus précis dans tout ce qu’on fait. »

Pierre Bourgarit

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